Square Mélinée et Missak Manouchian rue des Ponts : Jean-François Jacq leur rendra hommage.
Publié par vierzonitude sur 21 Février 2025, 06:20am

Jean-François Jacq donnera lecture, avec Thierry Sureau, de 10 poèmes de Missak Manouchian, samedi 22 février à 11h00, lors de l'inauguration du square Mélinée et Missak Manouchian (rue des Ponts, Vierzon), en présence de Katia Guiragossian, petite nièce de Mélinée et Missak.
Ce même jour, à L'épicerie Contemporaine à 18h00, reprise de la lecture mise en espace que nous lui avions consacrée. Nous lui avons posé quelques questions.
- Pouvez-vous nous rappeler qui sont Mélinée et Missak Manouchian, dont un square rue des Ponts à Vierzon portera leurs noms ?
Mélinée et Missak sont tous deux rescapés du génocide des Arméniens en Turquie, et tous deux orphelins. Ils se marient en 1936 et pendant la Seconde Guerre mondiale s’engagent tous deux dans la résistance.
Leur engagement sans faille a été de tout temps le moteur de leur existence. Missak Manouchian, avant d’être un résistant, a été également un poète. Dès son enfance sa première arme a été les mots. Il sera arrêté, condamné à mort puis fusillé par les Allemands avec 22 de ses compagnons le 21 février 1944. Mort en apatride pour la France, il entre au Panthéon jour pour jour 80 ans plus tard, le 21 février 2024.
- Quels poèmes avez-vous choisis, et que disent-ils ?
Tout d’abord, cette lecture des poèmes de Missak Manouchian lors de l’inauguration qui aura lieu samedi 22 février à 11 h se fera à deux voix, en compagnie de Thierry Sureau, ami de très longue date.
Nous avons retenu dix poèmes sur les 23 que comporte initialement la lecture mise en espace créée en avril 2024 (et que nous reprendrons ce même jour dans son intégralité à 18 h). Le choix en lui-même s’est fait naturellement, sans avoir à y réfléchir ou à trop se poser de questions.
Le premier qui sera lu sonne comme une évidence. Il s’agit de Vers la France, poème de jeunesse rédigé peu avant son embarquement vers la France. Missak prétend alors avoir 18 ans — il a menti sur son âge, il n’en a que 15, afin de pouvoir embarquer et venir ainsi travailler dans notre pays qui manque alors de mains-d’œuvre.
Il est fort probable qu’il ait achevé ce poème sur le bateau. Et ces mots sont d’une telle puissance ! J’y entrevois l’ombre de tous les migrants, d’où le fait que sa lecture s’impose en premier lieu. Il y a également un autre poème Les sans-travail ou bien encore La privation, là où la poésie de Manouchian a indéniablement été son premier acte de résistance.
Il y aura Les couturières, hommage aux couturières arméniennes en exil en France. Citons encore À ma conscience et Je ne regrette pas, qui sont des pavés jetés dans la mare. Résister, c’est ce que j’y entends dans chacun de ses poèmes, en écho.
- La présence de la petite nièce de Mélinée et de Missak va sans doute accentuer l’émotion lors de la lecture ?
Effectivement, la présence de Katia Guiragossian lors de l’inauguration sera emplie d’une charge émotionnelle particulière. Depuis que je me suis approprié les mots de Missak Manouchian à travers les lectures mises en espace que j’en ai fait avec Thierry Sureau, j’ai tenté de m’approcher au plus près de l’histoire, en me rendant en 2024 à la maison de la culture arménienne à Paris, ou bien encore au Panthéon, là où reposent Mélinée et Missak.
Sa poésie, ses mots, ne cessent de raisonner en moi et de m’interroger. Cela peut sembler bien peu de choses et pourtant, à l’heure où la peur grandit, c’est pour moi ni plus ni moins un acte de résistance. Les porter haut et de ma voix, de notre voix, en sa présence, je considère cela comme un aboutissement. Un grand honneur.
- Le soir, c’est à L’épicerie Contemporaine qu’il y aura une suite avec une lecture mise en espace. Expliquez-nous les ressorts de cette lecture.
J’ai considéré que lire simplement ses poèmes ne suffit pas. Il fallait y entremêler l’histoire, la vie, les doutes, les souffrances et les espoirs de Missak Manouchian. Il fallait répondre aux questions : d’où lui est venu ce goût de la poésie ? Pourquoi arrêtera-t-il d’en écrire ? Sa poésie est le terreau de tout ce qui va suivre.
Nous avons effectué trois représentations de cette lecture en 2024. Lecture mise en espace, telle que je conçois ces moments que je propose, d’où il faut impérativement que l’émotion jaillisse. Le public doit ainsi repartir avec une image, la plus forte qui soit. Il faut savoir que nous l’avons repris à la demande du public qui est venu.
À travers ces lectures et aux côtés de Thierry Sureau, je dois dire que nous partageons la même sensibilité, je pousse ainsi le public à s’interroger aujourd’hui et maintenant en termes d’engagement. Et je dois dire que j’ai rarement ressenti autant d’émotion que lors du final de ces lectures consacrées à Missak Manouchian.
C’est toute ma vie, tout ce que j’en ai fait, mon engagement personnel et artistique que je me prends alors en pleine face. Et une fois sorti de scène — nous terminons toujours nos lectures par un échange avec le public — l’infini espoir que les mots de Missak Manouchian raisonnent longtemps encore.
- Programme de la journée :
11 h. Inauguration du square Mélinée et Missak Manouchian (rue des Ponts, Vierzon) en présence de Katia Guiragossian, petite nièce de Mélinée et de Missak. Une œuvre de Michel Audiard sera dévoilée à cette occasion. Lecture par Thierry Sureau et Jean-François Jacq de 10 poèmes de Missak Manouchian
14 h 30. Projection du documentaire « Mélinée et Missak Manouchian », réalisé par Katia Guiragossian à la Décale (entrée gratuite).
18 h. Lecture mise en espace « Missak Manouchian, poète et résistant » par Jean-François Jacq et Thierry Sureau. Création : Jean-François Jacq. L’épicerie Contemporaine, 30A rue du Champanet, Vierzon (PAF 5 €). Il est conseillé de réserver : 06 60 84 24 83.